Les études scientifiques qui démontrent les bienfaits de l’activité physique (AP) sur la santé s’accumulent depuis plusieurs années, avec des « niveaux de preuve » très élevés. Les soignants sont tous bien convaincus depuis longtemps des bénéfices à en attendre, les patients sont le plus souvent d’accord avec nous, mais pour autant la plupart d’entre eux ne passent pas à la réalisation.
Nous avons souhaité vous présenter ici les moyens disponibles pour aider nos patients sur notre territoire. Auparavant, nous vous proposons un petit tour d’horizon des preuves disponibles dans les pathologies les plus courantes.
La HAS a publié en 2022 d’une part un guide des connaissances sur les bénéfices de l’activité physique (et les risques de la sédentarité), d’autre part des recommandations sur les modalités de prescription d’activité physique chez l’adulte.
L’AP entraîne des bénéfices évidemment sur le plan métabolique, en diminuant la mortalité cardio-vasculaire et les complications du diabète.
De façon peut-être un peu moins évidente, elle réduit également les risques de pathologie mentale (en particulier troubles anxieux et dépressifs) et les complications des maladies neurologiques.
Elle réduit également non seulement l’incidence des cancers les plus fréquents en prévention primaire, mais également en prévention secondaire le risque de récidive.
Chez les enfants et adolescents également, elle apporte des bénéfices sur le plan cognitif et psychique.
Et surtout, elle produit tous ces effets sans effets indésirables (au moins tant qu’on reste dans les limites d’une activité de loisirs), et en améliorant la qualité de vie.
Alors comment accompagner nos patients dans cette amélioration de leur santé ET de leur qualité de vie ?
Tout d’abord, pour tout soignant, il est possible d’aider les patients à renforcer leur motivation au changement.
Faire la « promotion » d’une meilleure hygiène de vie ne suffit manifestement pas. L’accompagnement au changement est modélisé par ce qu’on appelle « l’entretien motivationnel ».
Nous sommes individuellement plus ou moins doués pour cette activité, mais il est possible de renforcer nos compétences naturelles en se formant, par les livres ou mieux par les formations, nombreuses, qui sont proposées.
Certaines professions, comme les Infirmiers en Pratiques Avancées, ou les infirmiers « Asalée », les Enseignants Spécialisés en Activité Physique Adaptée à la Santé (EAPAS), et les soignants qui se sont formés à l’Education Thérapeutique du Patient (ETP) ont généralement suivi cette formation.
Rappelons ici que l’ETP ne consiste pas simplement à dire au patient ce qu’il doit faire pour améliorer sa santé, mais à faire le point sur ses compétences et l’aider à les renforcer ou les développer lorsqu’elles sont insuffisantes.
Les pouvoirs politiques ont pris conscience de l’intérêt qu’il y a à accompagner les patients dans le changement, aussi disposons-nous de plusieurs aides.
La sécurité sociale alloue une aide jusqu’à 300 € par an (sous conditions de ressources), pour l’adhésion à un club sportif labélisé « Prescriforme ».
Le médecin établit une ordonnance d’activité sportive (format libre), le patient remplit un formulaire disponible ici, et le patient choisi le club sportif sur la carte interactive des clubs labélisés.
Enfin, sur Saint-Quentin en Yvelines, l’Institut de Promotion de la Santé (IPS) propose aux patients (sur prescription médicale) un accompagnement à la reprise de l’activité physique, dans le cadre du programme « Sport sur Ordonnance ».
L’expérience montre que souvent, le principal obstacle à une reprise d’activité physique est l’isolement.
Plusieurs expériences ont été réalisées, consistant pour des soignants, dans le cadre d’un établissement de soins, maison médicale ou autre, à rassembler des patients et leur proposer des activités physiques partagées (ne seraient-ce que des promenades conviviales).
La satisfaction des participants est généralement très élevée dans ces activités.
Aussi, je me permets, avec mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année, à vous renouveler mon invitation formulée dans le titre (un peu provocateur) « Faites-les bouger ! ».
Ne perdez pas non plus de vue que l’AP est un excellent traitement préventif du Burn-Out Professionnel.
Bien cordialement
Professeur Frédéric Urbain
Président de la CPTS SQYPS
[1] Littéralement « faites les bouger ». A vous de voir ce que désigne l’article pas si défini !